Armelle Billard : "C'est un schéma pour bâtir une société plus inclusive"

L’assemblée départementale a adopté le nouveau schéma de l’autonomie pour la période 2023-2028. Ce document socle – et obligatoire – fixe les objectifs du Département en matière d’accompagnement des personnes âgées, en situation de handicap et. Quelles sont les actions concrètes prévues dans ce schéma ? Quels sont les objectifs du Département ? Les réponses d’Armelle Billard, vice-Présidente déléguée aux personnes âgées, au handicap, et à la maison départementale des personnes handicapées (Mdph).

Le schéma de l’autonomie, c’est quoi ? 

Armelle Billard : « Un schéma, c’est un cadre, un cadre opérationnel porté par une vision politique. Au-delà de l’obligation légale, le Département a profité de ce nouveau schéma pour remettre à plat l’ensemble des politiques départementales à destination  des personnes âgées en perte d’autonomie et des personnes en situation de handicap, et requestionner les stratégies et actions avec l’ensemble des partenaires. L’idée est de construire une vision partagée, pour aller tous dans le même sens.

Il faut décentraliser notre politique de l’autonomie et la travailler en coopération avec tous les acteurs, notamment nos partenaires, les communes et les EPCI, plus largement toutes celles et ceux qui travaillent à l’accompagnement des personnes vulnérables. Le Département est chef de file, mais ne peut pas tout, en revanche il peut coordonner, accompagner, soutenir, aider à financer… Il faut partir des initiatives du territoire pour créer de vraies solutions de proximité, et tout cela dans le cadre d’un schéma partagé. »

Quels sont les objectifs principaux de ce schéma ?

A-B : « Le premier objectif, c’est de prendre à bras-le-corps la problématique des métiers d’aide à la personne au sens large. On ne peut pas encourager le maintien à domicile et ne pas se soucier de cette filière métier qui est en crise. Très concrètement, que va-t-on faire ? Le Département va continuer à accompagner les progressions salariales pour améliorer la rémunération, et va aussi contribuer à promouvoir la qualité de vie au travail de ces personnes travaillant comme aide à domicile, en lien avec les partenaires de l’emploi et de la formation

Le Département soutient les structures des Services d’aide à domicile (SAAD) dans leur montée en compétence, leur management. Il est essentiel aussi de changer l’image de ces métiers. Les aides à domicile exercent un métier qui va au-delà du soin, qui consiste aussi à apporter un bien-être, ces professionnelles aiment leur métier et reçoivent une réelle considération de la part des personnes qu’elles aident. On ne le montre pas assez. Ce sont des métiers à forte dimension humaine et qui doivent être valorisés.

Le Département va également créer de nouvelles places d’accueil en établissement pour personnes en situation de handicap, et aussi renforcer les actions en faveur des aidants. Autre objectif : améliorer l’accompagnement social des personnes en situation de handicap. Car une fois qu’ils ont reçu leur notification de la MDPH, ils ne savent parfois pas trop à qui s’adresser. Sur les territoires, il faut qu’on s’appuie sur les Centres locaux d’Information et de Coordination (CLIC) pour renforcer cet accompagnement. Nous voulons vraiment renforcer la lisibilité de cette mission d’accueil et de première information du CLIC. 

Il est également essentiel de développer l’offre à destination des personnes handicapées vieillissantes. Il y a aujourd’hui des personnes de 80 ans qui ont des enfants en situation de handicap de 50 ans et qui s’inquiètent pour leur avenir. Il est essentiel que des Ephad s’adaptent pour  prendre en charge au fur et à mesure ces personnes vieillissantes qui ont des besoins spécifiques. »

La perte d'autonomie, cela concerne tout le monde ? 

A-B : « Ce que nous avons pu partager en construisant ce schéma, c’est à quel point l’isolement des personnes peut être délétère, que ce soit dans un immeuble au cœur de Rennes ou dans une petite maison en campagne. Il y a une problématique autour de l’isolement social, on sait qu’une personne âgée, isolée, perd très vite en autonomie. Nous sommes des êtres sociaux avant toute chose : ne plus avoir de lien, c’est perdre de notre humanité. Or, vivre longtemps est un progrès mais vivre longtemps, en bonne santé dans la dignité et dans le respect de notre humanité est essentiel."