Jeanne Larue : "Aucun élève rennais ne sera à plus de 20 minutes de son collège"

L'assemblée départementale a approuvé le projet de modification de la carte scolaire des collèges rennais. Cette modification sera mise en œuvre à partir de la rentrée scolaire 2024. Les explications de Jeanne Larue, élue vice-présidente déléguée à l'Education au sein du conseil départemental. 

Pourquoi le Département a décidé d'engager une modification de la carte scolaire des collèges rennais ? 

Jeanne Larue : "En milieu urbain, c’est un travail à reprendre une fois par mandat. Nous avons fait le constat que les écarts entre les indicateurs de mixité sociale des collèges rennais s'étaient aggravés malgré la dernière modification de la carte scolaire effectuée en 2017. Ces écarts ne sont bénéfiques ni pour les apprentissages, ni pour la cohésion de notre société. Autre objectif : équilibrer les effectifs au sein des collèges rennais pour créer les meilleures conditions de travail possible pour les élèves. Et cela passe aussi par l’amélioration du bâti scolaire. A titre d'exemple, 17 millions d'euros vont être investis pour la reconstruction du collège de Cleunay. Dans les établissements où c’est possible, on rénove, on restructure, et là où on ne peut pas corriger ce qui est lié à l'urbanisme, on trouve d’autres solutions, comme la création d'un nouveau collège à Beauregard à l’horizon 2029. 

En quoi la mixité sociale est importante au sein des collèges ? 

J.L : "La mixité est essentielle pour de nombreuses raisons. D'abord, on constate que la mixité sociale fait baisser la pression scolaire qui pèse sur les élèves. Les élèves apprennent mieux et sont plus épanouis, que ce soit les élèves les plus doués ou ceux qui ont plus de difficultés. Nous avons rencontré de nombreux parents lors de la phase de concertation, ils sont pétris d'inquiétudes pour l'avenir de leurs enfants, une angoisse forte qui se reporte sur leurs enfants. La mixité sociale permet de diminuer cet environnement anxiogène et de retrouver un cadre de travail plus apaisé.

Par ailleurs, on observe que la société est de plus en plus atomisée. Créer des possibilités de rencontre et d’interconnaissance et ce, dès le collège, permet une meilleure prise en compte de l'autre et de ses différences et peut aider à créer une société moins fragmentée. "

Quelle a été la démarche adoptée par le Département d'Ille-et-Vilaine pour travailler sur ce projet de changement de carte scolaire ? 

J.L : "C'est une démarche que l’on a souhaitée la plus concertée et partenariale possible en intégrant l'ensemble des représentants de la communauté éducative, mais aussi les parents d'élèves. Nous avons rencontré plus de 300 parents au total, durant les ateliers proposés en juin pour travailler sur les scénarios envisagés, mais aussi lors de rencontres organisées à la demande des parents. Leurs interrogations portaient sur les trajets en transport entre le domicile et le nouveau collège d'affectation et sur la capacité des enfants à cohabiter au sein des établissements. Nous avons reçu un vote favorable du Conseil départemental de l'Education Nationale (CDEN), où siègent des représentants des parents d’élèves et des syndicats enseignants, qui nous conforte dans la mise en œuvre de cette démarche partenariale.

Comment les familles concernées vont-elles être accompagnées ?

J.L : "Concernant les temps de trajet, aucun collégien rennais n’étudiera à plus de 20 minutes de son domicile. Le Département s'engage à accompagner les familles concernées. Nous allons par exemple recruter des personnes en service civique pour accompagner des élèves dans les transports en commun. Et pour les élèves des écoles Volga, Trégain et Guyenne, amenés à rejoindre un nouveau collège, les frais de cantine seront pris en charge par le Département jusqu'à la mise en place d'une tarification sociale de restauration en 2026. Dans les collèges d’accueil, nous appuierons financièrement les projets éducatifs favorisant l’intégration des nouveaux élèves. 

Enfin, nous aurons une attention particulière pour ces familles en leur proposant si elles le souhaitent un accompagnement renforcé pour l’obtention des bourses et des exonérations ou réductions tarifaires pour les transports. À partir de janvier, un comité de suivi sera également mis en place intégrant tous les membres de la communauté éducative pour travailler sur la mise en œuvre de ces mesures d'accompagnement."