- 11 février 2025
- Mis à jour le 05 mars 2025
- 4 minutes de lecture
- Actualité
Angèle, Brigitte, Marie-France et les autres, qui sont-elles ? Du 5 mars au 31 mai 2025, les Archives départementales propose une exposition pour faire entendre les voix des femmes autour des luttes pour les droits des femmes, et de l’œuvre de la poétesse Angèle Vannier. Un véritable travail de mémoire et de création autour des figures féminines dans l'art et l'Histoire, des années 70 à nos jours.
L'exposition intitulée "Angèle, Brigitte, Marie-France et les autres. Mémoire et création : faire entendre les voix des femmes", met en valeur des créations d'artistes féminines, en s'appuyant sur des matériaux d'archives.
DEBOUT ! 8 textes sur les luttes féministes
Les textes rassemblés sous le titre DEBOUT ! sont le résultat d'une commande d'écriture passée à 8 autrices en juin 2023 par Frédérique Mingant et Delphine Battour, metteuses en scène de la compagnie 13/10è en Ut. "La génèse du projet, c'est le livre "les femmes s'en vont en lutte" de Lydie Poré et Patricia Godard, qui parle des luttes féministes à Rennes dans les années 70", explique Frédérique Mingant. "Ce texte m'a interpellée, car il y a toujours cette mythologie que tout se passait à Paris, mais ces luttes se menaient partout en France. Le militantisation des femmes est très forte après 68", poursuit-elle.
Chacun de ces textes aborde des luttes féministes de la deuxième vague, celle des années 70, celle de la légalisation de la contraception et de l’avortement, mais aussi celle des luttes qui ont grandi et ont gagné en visibilité dans le sillage de ce combat fédérateur. Chacune des 8 pièces courtes (15 minutes) proposent chacune une brève incursion dans un temps autre, à la fois passé et fictionnel, dans la petite et la grande histoire de l’égalité femmes-hommes.

Avec ces pièces, il y avait l'idée d'immersion dans la période des années 70, dans le contexte moral de l'époque. Cela fait un an que les lectures de ces textes tournent et on se rend compte que cette immersion fonctionne.
Catherine Benhamou a écrit sur la question du viol, Clara-Luce Pueyo sur les avortements à l’étranger, Gerty Dambury sur la coordination des femmes noires, Jessica Roumeur sur les librairies, Lucie Vérot Solaure sur la légalisation de la contraception, MarDi (Marie Dilasser) sur le rassemblement des femmes lesbiennes, Mariette Navarro sur les avortements illégaux et Marine Bachelot Nguyen sur les ouvrières de l’usine LIP.
L'exposition met en regard les extraits de ces textes avec des documents d’archives originaux comme des affiches, des articles de presse, des photos, des lettres... Sur un mur, des fiches Bristol écrites par le Mouvement de Liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC) décrivent méthodiquement la situation, l'état d'esprit et l'âge de femmes ayant eu recours à l'avortement, illégal à l'époque.
Le collectif Micro-sillons raconte Angèle Vannier

Jeanne L’Hévéder et Anne Kropotkine du collectif Micro-sillons entament en 2022 un travail de création autour des archives d’Angèle Vannier (1917-1980). Elles rassemblent une centaine de cassettes inédites, dispersées chez ses proches. Sur ces cassettes, elles découvrent une voix singulière et captivante : ses brouillons et ses expérimentations poétiques, ses extraits de journal et de correspondance, ses répétitions de récitals, des musiques ou encore ses entretiens à la radio.
Leurs recherches aboutissent à la création d’un documentaire radiophonique diffusé dans l’émission l’Expérience de France Culture et à la constitution d’un fonds d’archives qui sera légué par les ami·es et ayants droit de l’artiste au mois de mai 2025 aux Archives départementales.
"Le documentaire "Je n'ai jamais vu plus beau visage que sa voix"c’est le récit de notre rencontre avec la poétesse et femme de radio Angèle Vannier, une rencontre par voix interposées et de la découverte de ses archives sonores : ses émissions de radio et les nombreuses cassettes sur lesquelles elle s’enregistrait.", explique Jeanne l'Hévéver, du collectif Micro-sillons. Sur ces cassettes, les deux réalisatrices sonores exhument des morceaux de texte, des réflexions et brouillons sonores, des montages réalisés avec plusieurs magnétos... Autant de pépites sonores jamais numérisées, ni dévoilées au public. "Au-delà de la matière sonore, il y avait une volonté militante de faire connaître cette femme qui fut très connue dans les années 50, puis complètement oubliée", poursuit-elle.
Angèle est une figure très inspirante. L'Histoire de cette femme devenue aveugle à 22 ans, qui part à Paris, qui continue de s'adonner à l'écriture grâce au son... Elle avait une force en elle vraiment impressionnante. Pour elle, on ne pouvait pas séparer la vie de la poésie. Cette exposition, c'est l'occasion de découvrir son univers si particulier.
Au fil de l'exposition présentée aux Archives départementales, le visiteur peut écouter la voix fascinante d'Angèle Vannier à travers le documentaire sonore du collectif, mais aussi à travers des extraits de ses enregistrements, des chansons écrites par la poétesse pour Édith Piaf. Ce parcours est ponctué d'objets d'archives : photos, agendas, lettres d'auditeurs...

Qui était la poétesse Angèle Vannier, la "femme-parole" ?
Née le 12 août 1917, à Saint-Servan, en Bretagne, Angèle Vannier passe une grande partie de sa vie au Châtelet, une grande demeure à Bazouges-la-Pérouse au nord de Rennes. Elle perd la vue à l’âge de 21 ans et tout son univers poétique découle de cette « entrée dans la nuit ». Angèle Vannier se nomme elle-même « femme-parole » et appréhende sa poésie de manière très orale.
Après-guerre, elle se fait remarquer dans les milieux littéraires parisiens, notamment grâce aux poètes Théophile Briant et Paul Éluard. Ses poèmes sont publiés chez Seghers, Rougerie… Elle écrit des chansons comme Le Chevalier de Paris (interpretée par Édith Piaf et Frank Sinatra) et elle donne de nombreux récitals en Europe (Belgique, Suisse, Allemagne, Turquie…). Elle produit également une centaine d’émissions poétiques (RTF, France Culture, Radio Bretagne, Radio Lausanne, etc.).
Après un long séjour à Paris, elle revient vivre en 1973 dans la maison de son enfance à Bazouges-la-Pérouse. Dans la “salle” de cette demeure, Angèle Vannier fabrique, à l’aide d’un ou de plusieurs magnétophones, des montages sonores, qui participent à l’éclatement de sa poésie. Elle meurt le 2 décembre 1980, au Châtelet,
à l’âge de 63 ans.
Les rendez-vous à noter !
Lecture publique, écoute publique, rencontres... : de nombreux rendez-vous sont organisés autour de cette exposition :
Mercredi 5 mars à 19h : lecture publique de 3 pièces courtes aux Archives départementales
"La vie de nos ventres", de Clara-Luce Pueyo
"Dans la farine", de Lucie Vérot Solaure
"Do It Yourself", de Mariette Navarro
Artistes : Frédérique Mingant, Julie Flippe et Nikita Faulon
Durée : 45 mnGratuit, sans inscription dans la limite des places disponibles
Jeudi 13 mars à 18 : lecture publique "La vie de nos ventres" aux Archives municipales
Pièce courte de l’autrice Clara-Luce Pueyo, par les artistes Delphine Battour, Frédérique Mingant et Hélène Bertrand.
Gratuit, sans inscription dans la limite des places disponibles
Dimanche 30 mars à 15h : lecture des textes DEBOUT à l'espace Simone Iff à Rennes
Événement organisé par Le Grand Cordel – MJC et Les Tombées de la Nuit – Rennes avec la participation de la chorale Les Luttes enchantées
Mardi 13 mai à 18h30 : écoute publique du documentaire "Je n'ai jamais vu plus beau visage que sa voix"
Création radiophonique présentée à l’occasion du versement des archives d’Angèle Vannier aux Archives départementales.
Gratuit, sans inscription dans la limite des places disponibles
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