• 02 mai 2023
  • Mis à jour le 21 février 2024
  • 6 minutes de lecture
  • Podcast
visuel podcast épisode 9

Pour ce neuvième épisode de "De vive voix", partez à la rencontre de Patricia, Véronique, Hugo et Lénaic, tous les 4 salariés de l'entreprise à but d'emploi (EBE) Blosn'up, labellisée par le dispositif "Territoires zéro chômeur de longue durée". Tous habitants de ce quartier rennais, après des parcours et des expériences professionnels divers, parfois chaotiques, ils ont intégré cette entreprise en tant que salariés depuis décembre 2022. Encadrés par des professionnels bienveillants, ils ont pu apprendre la couture et le travail du bois à leur rythme et reprendre confiance en leurs capacités.

Ecoutez les témoignages de Véronique, Hugo, Lénaïc et Patricia : 

Bienveillance et pédagogie des encadrants, apprentissage de nouvelles compétences, horaires de travail choisis : l'entreprise Blosn'up offre un cadre de travail qui facilite la reprise d'un travail salarié. Pour être embauché au sein de cette entreprise à but d'emploi (EBE), il faut habiter le quartier du Blosne depuis plus de 6 mois et être au chômage depuis plus d'un an.

"Passer salariée, dans ma tête et dans mon corps, ça a été volcanique", explique Véronique, embauchée au sein de Blosn'up depuis décembre 2022. Pour cette quinquagénaire qui a été bénévole dans différentes structures pendant plus de 10 ans, travailler au sein de Blosn'up est une révolution. Elle se passionne pour le travail du bois et ne compte pas ses heures. Hugo, qui a eu un parcours professionnel qu'il qualifie de "chaotique", a trouvé au sein de Blosn'up une solidarité et un esprit d'entraide qu'ils apprécient particulièrement : "C'est une famille et j'en suis fier", confie-t-il. Tous les deux travaillent avec Patricia et Lénaic, également salariés de Blosn'up. 

Blosn’up a été créée suite à l’obtention du label "territoires zéro chômeur" en 2022. Dans le cadre de ce dispositif, soutenu notamment par le Département, 12 personnes ont pu signer un CDI au sein de l’entreprise en décembre 2022. Ces salariés confectionnent des coussins, mouchoirs, pantalons… et autres pièces en tissu réalisées à partir de vieux tissus récupérés. Les ateliers couture du pôle textile sont encadrés par Maité Magnier, créatrice de la marque d’upcycling Rebeau Rebelle. Le pôle bois a également pu démarrer avec de nombreux projets : fabrication de jeux en bois, de transats, de jardinières. Pour le bois comme pour le tissu, le recyclage de matières premières est également privilégié. 

Le dispositif "Territoires zéro chômeur de longue durée" : qu'est-ce que c'est ?

Suite à la loi du 29 février 2016, l'expérimentation "Territoires zéro chômeur de longue durée" a été déployée dans une dizaine de territoires pilotes dès 2017, puis élargie à de nombreux autres secteurs en 2021. Le dispositif vise à favoriser l'insertion socioprofessionnelle des personnes privées durablement d'emploi habitant dans un périmètre donné. Ces personnes peuvent être embauchées au sein d'Entreprise à but d'emploi (EBE). L'une des particularités de leur contrat : pouvoir choisir son temps et ses horaires de travail. Les salariés sont également accompagnés dans l'apprentissage de nouvelles compétences.

Depuis 2021, le dispositif entre dans la deuxième phase d'expérimentation avec une montée en charge progressive sur tout le territoire. En octobre 2022, on comptait 39 "territoires zéro chômeur de longue durée" qui employaient 1240 personnes. 

Transcription épisode 9

Au Blosne, objectif zéro chômeur

Aujourd’hui, De vive voix vous amène à Rennes dans le quartier du Blosne. L’entreprise à but d'emploi Blosn’up a embauché une dizaine de personnes dans le cadre de l'expérimentation territoires zéro chômeur de longue durée.

« Je m'appelle Hugo et je suis papa d’un petit garçon. J’habite au Blosne, c'est la particularité de ce dispositif est donc de cette entreprise d’être en plein cœur du quartier, donc eux les gens qui travaillent et qui sont amenés à l’intégrer dans le futur, font partie du quartier. 
Alors la philosophie de l'entreprise je peux me tromper, mais je dirais que pour l'instant le comment dire qu'elle est en train de se déterminer, c'est plus le finalement la philosophie de territoires zéro chômeur en fait qu'il y a derrière, c'est très ambitieux à plus d'un titre. Finalement, c’est lutter contre l'exclusion des personnes privées d'emploi, mais c'est aussi lutter contre l'exclusion des gens privés de services de l'autre côté c'est aussi faire la revalorisation, c’est donc finalement aussi lutter contre l'exclusion des matériaux.

Effectivement c'est très ambitieux, c’est comme ça que je l’ai ressenti quand j’ai intégré le projet au départ, ça a l'ambition de réinventer une société finalement, c’est valorisant parce que j'ai le sentiment de participer à un projet important pour la société, qui à termes profitera à tous. 
J’ai eu un parcours que je décris moi-même de très chaotique. J’ai fait tout d'abord des études d'informatique industriel, mais malheureusement je suis sorti de l'école à un moment où la conjoncture était très difficile pour les informaticiens. Du coup pas après ça, j'ai fait beaucoup de boulots alimentaires dans des secteurs très variés. Je vois mon vécu jusqu'ici comme très riche en expériences mais peu valorisant socialement. 
Justement je trouve que ce que vous permet Blosn’up aujourd’hui, c’est de valoriser ce que je n’avais jamais réussi à valoriser avant. Je suis arrivé ici avec une relation avec le travail un peu compliquée je le dis franchement une relation qui m'a écorché un peu tout au long de ma vie, écorcher dans les rapports humains. Aujourd’hui je suis vraiment ravi d'arriver au travail tous les jours et de rencontrer des collègues, des encadrants qui sont dans la bienveillance dans le souci de garder une direction commune est d'être inclusifs, d’oublier personne derrière. C’est une famille c'est vrai mais j'en suis fier. »

« Je m’appelle Véronique, je suis salariée depuis le 1er décembre 2022 j'habite au Blosne, je suis à sur ce projet depuis le début et on m'a demandé de participer à des réunions dans le quartier, d’aller voir ce que c'était vraiment. Et c’est là que moi et Patricia, on est arrivés c'était vraiment un projet vraiment intéressant c'est vraiment fait pour nous quoi. »

« Je m'appelle Patricia, j’ai démarré depuis juillet 2019 et j’ai découvert le projet territoires zéro chômeur sur un temps d'animation sur le quartier du Blosne au festival des arts et des savoirs. A la suite de ça il y a eu une réunion pour parler de ce projet et on avait des réunions toutes les semaines. Et en même temps que ces réunions je faisais du bénévolat dans une laverie dans le quartier du Blosne et je faisais également de bénévolat chez les compagnons bâtisseurs. C'est là que j'ai eu l'idée de faire des jeux en bois dans le quartier pour le quartier. Qu'est-ce qu'on fait dans l'entreprise Blosn’up ? On fait de la couture, on fait aussi de l'accueil on est aussi le relais colis, des services à la personne.

Pour moi il ne faut pas jeter le bois, le bois c'est dur, c’est noble, ça a de la valeur, tu peux le transformer, il y a du bois qu’on achète et d’autre qu’on récupère autour des magasins et des commerces. Pour l'instant on fait des jeux en bois mais aussi du relooking de meubles, on a un projet de faire des transats, on a le projet de faire des jardinières avec des palettes. La création moi ça me fait du bien. »

Véronique : « Ce qui est bien dans cette entreprise, c'est que l’on peut apprendre aussi c'est ça qui est qui est bien, à mon âge, j’ai appris à coudre et je trouve ça génial de pouvoir encore apprendre passer un certain âge. Maité, c'est notre facilitatrice, c’est elle qui nous apprend toute la couture comment se servir des machines, car la base c’est d'abord bien se servir des machines. On fait beaucoup de vêtements, beaucoup de création. Les vêtements sont vendus dans la petite boutique ici et aussi au centre-ville dans une autre boutique « Chouette ».

Patricia : « J’ai fait un peu de couture mais ma principale activité, c’est de fabriquer des jeux géants en bois ça me forme ça me fait gagner en confiance, en assurance, au moins ça complètement changé du bénévolat sur une dizaine d'années. Passer salariée, dans ma tête et dans mon corps ça a été volcanique ! Ma journée de travail, c'est de 9 heures à 12h30, puis de 13h à 17h, mais des fois je ne me rends pas compte du temps, des fois je ne mangerai pas le midi, et après 17h je continuerai bien à 17h30/18h. »

Lénaic : « Je m’appelle Lénaïc, j’habite au Blosne depuis plus de douze ans, j'ai découvert le projet un peu par hasard. J’étais au chômage depuis un certain temps c'est en revenant de Pole emploi, je suis tombé sur un panneau d'affichage informatif. Le projet m’a plu dans le sens où c'est le fait du travail à temps choisi, cela permet une plus grande inclusivité, pour toutes et tous puissent travailler à son rythme et selon ses contraintes.
Pouvoir venir au travail sans être angoissé, sans avoir une boule au ventre, je suis quand même allé dans des postes où je suis tombé en dépression, donc c’était quand même pas top. Là, c’est pas du tout le cas, là tu viens le matin, déjà j'habite à quoi a 600 mètres de mon lieu de travail, mais c'est surtout la bienveillance, le côté pédagogique aussi des gens qui encadrent. Pouvoir aussi essayer d'apprendre des choses que l’on ne connaît pas. C’est une convergence des connaissances de chacune et chacun et la bienveillance aussi de pouvoir faire en sorte que tu ne connais pas, ce n’est pas grave, il y aura toujours un collègue qui pourra te montrer comment faire, sans jugement ou moquerie. Chacun peut aussi du coup travailler à son rythme, ce qui a est très important. »

Hugo : « Ici, on est dans un circuit ultra court. Hier, une de nos voisines de quartier est venue nous apporter sont du tissu. D'un point de vue écologique c'est forcément une solution à envisager »

Le Département soutient les expérimentations Territoires zéro chômeur. Si vous êtes intéressé par ce dispositif, vous pouvez contacter les entreprises à but d’emploi.
 

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