Biodiversité : une route fermée temporairement pour sauver crapauds et grenouilles

Une migration printanière dite "explosive" et très risquée

Au cours de l'année, certaines espèces d'amphibiens comme le crapaud commun, la grenouille rousse ou verte peuvent se déplacer sur une dizaine de kilomètres. Au printemps, l'objectif principal de ces mouvements est de rejoindre le site de reproduction (marais, étang, mare...) durant la nuit. Or, le trafic routier peut provoquer localement une très forte mortalité. A titre d’exemple, une étude montre que le passage de 60 véhicules/heure entraînerait la mort de 90 % des crapauds communs en migration. 

Or, le crapaud commun, espèce la plus commune de notre région, est aussi la plus largement impactée par la circulation routière. La grenouille rousse qui se reproduit tôt dans l'année (janvier-février), souvent sur quelques jours, est également concernée par ces lourdes pertes. 

Des mesures prises par les services des routes pour préserver les amphibiens

Le niveau de dangerosité de la route pour crapauds et grenouilles dépend de l'environnement paysager et de la configuration de la route. Les axes situés entre un plateau boisé, servant à l’hibernation et un milieu aquatique en contrebas (mare, étang...) utilisé pour la reproduction, sont connus pour être les plus meurtriers. Un phénomène observé sur la RD35 à la sortie de Talensac sur lesquels des centaines de crapauds se retrouvent simultanément à quitter les zones boisées situées d’un coté de la route où ils vivent les trois quarts de l’année pour rejoindre les mares et étangs de l’autre coté de la route pour se reproduire. 

Cette migration dite "pré-nuptiale" s'opère sur une période très courte. En conséquence, le service des routes de l'agence départementale de Brocéliande a pris la décision de fermer temporairement le tronçon concerné par cette migration, du 28 février au 17 mars. Une déviation est mise en place sur ce secteur. 

"Après avoir installé les panneaux l'année dernière, on a décidé la fermeture de cette route face à l'urgence de la situation", explique Ingrid Pavard, cheffe de service route et bâtiments à l'agence départementale du Pays de Brocéliande. Cette expérimentation va permettre de diminuer de 20% à 40% la mortalité des amphibiens durant cette période. 

"L'objectif est de prévoir un aménagement plus pérenne à l'avenir comme un système de buses passant sous la route. Une aide à la traversée manuelle pourrait également être mise en place avec une intervention humaine, ce qui permettrait de quantifier les individus et identifier les espèces" poursuit-elle. 

D'autres axes routiers d'Ille-et-Vilaine sont-ils concernés ? "A ce jour, il n'y a pas eu d'autres tronçons de route formellement identifiés, mais potentiellement tous les endroits à proximité d'un milieu boisé et d'une zone humide, traversés par une route départementale qui fait barrage peuvent être concernés", ajoute Ingrid Pavard. "Tout le monde peut être spectateur de ces phénomènes et jouer un rôle de sentinelle en les signalant afin qu'on puisse mettre en place des mesures spécifiques". Une adresse mail est à la disposition de tous les habitants d'Ille-et-Vilaine qui souhaiteraient signaler un secteur routier concerné ( rd-agence-broceliande@ille-et-vilaine.fr ). 

À noter que les amphibiens migrent dans le sens inverse (migration post-nuptiale), des mares et étangs vers les boisements, mais cette phase est plus diffuse dans le temps.

Plus d'infos sur la fermeture de la route et la déviation mise en place