Un nouveau nom pour le collège de Redon

Genèse d’un changement de nom

Tout commence en 2021 quand une classe de 3e du collège Bellevue de Redon entame un travail sur l’histoire de la 2nde Guerre Mondiale mais d’un point de vue local. « Nous avons entrepris des recherches en partant des noms des rues alentour », se remémore François De Sauza, professeur d’histoire géographie au collège. Des associations et personnalités locales sont sollicitées par les élèves qui ont pour objectif de réaliser un podcast. Leur travail sera d’ailleurs primé dans le cadre du concours national de la Résistance et de la Déportation.

Le profil d’Anne-Marie Boudaliez retient l’attention des élèves comme des enseignants, très marqués par son histoire. D’autant qu’ils découvrent que la résistante a fini sa carrière dans leur établissement où elle a exercé comme professeur d’anglais de 1972 à 1980. L’idée s’impose de rebaptiser le collège Bellevue du nom d’Anne-Marie Boudaliez en vue d’honorer sa mémoire.

Une adhésion en plusieurs étapes

Les collégiens et leurs professeurs font découvrir l’histoire de la Redonnaise à tout l’établissement.  Cette démarche est également soutenue par les membres de l’association Mémoire des Résistants et Déportés des pays de Redon et Vilaine qui ont accompagné le travail des élèves. La municipalité de Redon est favorable au projet. Le conseil d’administration de l’établissement se prononce lui aussi pour un changement de nom. La fille d’Anne-Marie Boudaliez donne son accord « avec reconnaissance et émotion ». Compétent en matière de collèges, c’est au Département que revient la décision finale. Le 18 avril 2024, une délibération approuve, à l’unanimité le changement de nom du collège Bellevue afin qu’il porte le nom d’Anne-Marie Boudaliez dès la rentrée de septembre 2024. 

Anne-Marie Boudaliez, une figure de la Résistance redonnaise

Anne-Marie Boudaliez naît à Peillac le 17 juillet 1920 et meurt le 11 janvier 2015 à l'âge de 94 ans. En 1924, elle emménage à Redon avec sa mère et ses grands-parents maternels. Son père est décédé le 22 août 1920 des suites de blessures reçues lors la Première Guerre mondiale. Anne-Marie étudie en fac d'anglais à Rennes à partir de novembre 1940. Elle se lie d'amitié avec des étudiants et c'est ensemble qu'ils écoutent l'appel du Général de Gaulle le 18 juin 1940. Chaque semaine, à partir de juin 1941, ils se donnent rendez-vous au Café de l'Europe. Ils tracent à la craie sur les murs de la ville des croix de Lorraine et sèment des petits papiers appelant à la Résistance. 

Anne-Marie n’hésite pas à cacher des aviateurs anglais dans la maison que son grand-père a construite sur la colline de Beaumont, Mil'Oustal. Elle permet le déplacement du réseau de résistance VAR de Rennes à Redon en acceptant que le radio s'installe dans le grenier de Mil'Oustal. Les premières émissions partent de là. Anne-Marie s’initie au codage et au décodage de messages. Le 26 décembre 1942, les Allemands réquisitionnent deux chambres à l'étage de Mil'Oustal, où des officiers s'installent à partir de début 1943. Plusieurs membres du réseau VAR sont arrêtés et déportés en 1944. A la Libération, Anne-Marie Boudaliez et sa mère doivent se cacher dans une cabane à chèvres. 

Anne-Marie suit les troupes alliées à Paris et sert d'interprète auprès des institutions du Gouvernement provisoire. Elle devient professeur d'anglais et termine sa carrière au collège Bellevue de Redon. Elle restera une femme engagée tout au long de sa vie.