Stéphane Diagana : "Participer aux JO, c'est une chance incroyable"

Athlète français spécialiste du 400 mètres haies, premier champion du monde tricolore de la discipline en 1997, Stéphane Diagana a dévoilé le compte à rebours des Jeux Olympiques 2024 au stade départemental Robert Poirier, en présence du président du conseil départemental Jean-Luc Chenut. Lors d'une conférence organisée au stade, le champion au palmarès impressionnant a échangé en toute simplicité avec le public et les sportifs bretilliens. L'occasion de revenir sur sa carrière, sa vision du sport de compétition, mais aussi ses espoirs et attentes pour ces Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. 

Quels messages voulez-vous adresser aux athlètes bretilliens présélectionnés pour ces Jeux Olympiques 2024 ? 

Stéphane Diagana : "D'abord, c'est une chance incroyable que j'aurais aimé vivre en tant qu'athlète. Et vivre cela à Paris, c'est plus rare que le passage de la comète de Halley ! Et je leur dirais de ne pas oublier que cela reste les Jeux Olympiques, c'est un équilibre à trouver entre une forme d'exaltation, parce que c'est super c'est en France, et le fait que leur discipline restera la même, que les adversaires resteront les mêmes.

Mon entraîneur me disait "tu vas à un championnat du monde mais les haies font toujours la même taille, sont espacées de la même façon et les adversaires sont les mêmes". L'emballage est formidable, mais attention à ne pas se laisser embarquer là-dedans à vouloir trop en faire ou à considérer que les choses vont être plus faciles. Le fait que ce soit en France peut aussi être une pression supplémentaire. Pour réussir ces Jeux, cela passe toujours par la même discipline, le même entraînement, le même engagement, ce ne sera pas plus dur si on est dans cette logique-là."

Vous êtes membre de la commission des athlètes, présidée par Martin Fourcade, qui a participé à la préparation de ces Jeux Olympiques 2024. Quelles sont vos attentes et vos espoirs pour ces Jeux ? 

Stéphane Diagana : "Le concept laisse présager plein de belles choses, Paris est au coeur des Jeux. Les Jeux vont faire briller les monuments de Paris et Paris va faire briller les Jeux. J'attends cela avec impatience, car c'est assez rare de pouvoir connecter une ville et son patrimoine aussi fortement, avec un évènement comme celui-là. C'est Paris, mais c'est aussi en Province et sur des sites en région parisienne, comme Versailles où se dérouleront les épreuves d'équitation. Cette combinaison entre le prestige de Versailles et le prestige de l'olympisme présage une belle expérience.

Et puis, j'espère que cela laissera un enthousiasme pour le sport en France chez les personnes qui en sont un peu éloignées et que cela permettra de changer aussi le regard que l'on peut avoir en France sur le sport de compétition. J'ai l'impression parfois qu'il y a une incompréhension avec le sport de compétition. Le sport de compétition, ce n'est pas écraser ou piétiner l'autre, c'est prendre l'autre comme une chance de se dépasser soi-même, de grandir, de se développer. J'aimerais que ce soit l'occasion de parler du sport, pour qu'il est une meilleure place dans la société, à l'école aussi. Le sport va plus vite que la société, permet de dépasser les clivages, d'améliorer le vivre ensemble, le sport a le pouvoir de changer le monde. Le sport, ce n'est pas que des corps en mouvement, mais en France on a délaissé le corps. La contribution éducative du sport est sous-estimée, or vous aurez des dizaines de témoignages de personnes qui grâce au sport sont sortis de leur timidité, ont pu aller vers les autres, alors qu'ils n'ont jamais pu le faire en classe. "  

Quelle est votre relation personnelle avec l'Ille-et-Vilaine ? Avec la Bretagne ? 

Stéphane Diagana : "J'ai des amis à Rennes, c'est une terre d'athlétisme, je suis aussi les résultats des clubs d'ici. Historiquement, c'est un vivier de l'athlétisme, tous les clubs de France n'ont pas les mêmes perspectives de résultats. Ici, c'est le seul endroit où je sens une identité très forte et une fierté, mais aussi une envie de la partager et une capacité à accueillir l'autre, à partir du moment où il montre un amour pour cette culture, pour cette terre. Quand je viens en Bretagne, je sens cette identité forte, mais je ne me sens jamais comme un étranger."