Pas de tabous sous le préau

« Il y en a un dans ma classe, il dit qu’il a la puberté… », lance un garçon. Devant l’un des stands installé sous le préau du collège, quelques élèves cogitent durant cette pause méridienne. Sujet de l’interro : c’est quoi la puberté ? Des réponses fusent. Simon Duboué, de l’association Léo Lagrange, fait parler les ados et donne des repères : les changements du corps qui interviennent à partir de 11 – 12 ans, la fatigue, les changements d’humeur etc… 

Le principe du jeu de la puberté est simple, sur chaque carte, une phrase qui permet d’ouvrir la discussion. Un petit groupe s’approche. Sur la carte tirée, un autre sujet : « Poitrine, pénis, la taille ça compte ? ». Explosions de rire et l’occasion de partager. « C’est quoi un pénis ? », se questionne une collégienne. Une plus âgée lui répond : « On a appris cela en cours de sciences, c’est le sexe masculin, la partie intime des garçons ». 

Briser le tabou sur les règles 

« Remettre de vrais mots sur les choses, oser dire les mots, c’est aussi l’intérêt de ces animations », explique Laura Jouaux, chargée de projet éducation à la santé à Liberté couleurs. Aux côtés du stand présentant le jeu de la puberté, elle tient celui dédié aux règles. Sur le plateau, la gamme complète de protections menstruelles mise sous cloche, des tasses, une bouillotte, le livret sur les règles réalisé par le Département et une maquette en volume de l’appareil génital féminin… Avec quelques questions, Laura ouvre la discussion. « Tu sais ce que c’est ça ? » demande-t-elle en tenant une cup menstruelle dans la main. « Est-ce qu’on peut garder un tampon toute la nuit ? Et non, car on ne doit pas garder un tampon plus de 6 heures, donc la nuit il vaut mieux mettre une protection externe ».

Gêne ou méconnaissance 

Yoann, en classe de troisième, a appris des choses. « Je ne connaissais pas les éponges menstruelles, ni le fait que la quantité de sang qui s’écoule durant un cycle s’élève en moyenne à 8 centilitres. Je trouve ça bien de pouvoir en parler », précise-t-il. Devant le stand, certains garçons sont moins à l’aise et préfèrent passer leur chemin après quelques cris. « Cette réaction des garçons, c’est plus de la gêne ou de la méconnaissance », analyse Laura. « Les filles ont plus des questions pratiques sur l’utilisation des protections, sur les douleurs, sur la première fois qu’on a ses règles… L’objectif de cette animation, c’est de pouvoir briser le tabou autour des règles, redire que tout le monde est concerné et s’assurer que les élèves identifient bien le distributeur de protections », détaille-t-elle.

Depuis sa mise en place aux Hautes Ourmes, le distributeur sert très fréquemment, constate Amélie Bonnafet, assistante prévention sécurité. « Il est dans mon bureau et les élèves l’utilisent beaucoup, mais très peu en dépannage. Elles viennent prendre 15 serviettes d’un coup, pour un cycle entier, peut-être même pour leurs sœurs ou leurs familles ».

Pauline en classe de troisième, a appris l’existence des protège-slips. « J’ai pu voir aussi où se situaient précisément certains organes comme l’utérus. Je ne suis pas forcément à l’aise pour parler de tout ça avec mes parents, donc c’est une bonne idée d’en parler ici ». En 2024, le Département d’Ille-et-Vilaine finance à hauteur de 43 000 euros l’organisation de ces animations autour de la vie affective et sexuelle.